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Lina Mensah, 27 ans est fille ainée d’un couple de photographes. Sur les traces de ses parents, elle embrasse avec passion tout naturellement le métier de la photographie. À travers son art, la jeune femme sacrée lauréate des Oscars de la photographie 2022, célèbre la femme africaine et promeut ses droits. Son travail contribue aussi à la production d’images plus positives de l’Afrique. Lecture :

Présentez-vous à nos lecteurs !

Je suis Lina MENSAH, artiste photographe et consultante en sciences de l’éducation.

Parlez-nous brièvement de vos études et de votre parcours de jeune femme photographe

Je suis titulaire d’un baccalauréat scientifique au Collège Lycée Notre Dame de la Trinité, d’un diplôme de licence en sciences de l’éducation et d’un master en sciences de l’éducation et de la formation de l’Institut Supérieur Don Bosco (ISDB) avec une spécialisation en analyse des systèmes éducatifs. Pendant toutes ses années d’études, j’ai appris la photographie aux côtés de mes parents et d’autres aînés en photographie de mode, événement et art.

Pourquoi  la photographie ?

Au début, je faisais la photographie juste pour le plaisir, ensuite pour aider mon père sur ses contrats de reportages mais après j’ai compris que je peux en faire une activité génératrice de revenus. Après mon diplôme de master, je me suis consacrée à la photographie artistique. En m’y mettant, j’ai découvert à quel point le travail que je fais a le pouvoir de toucher des cœurs, de susciter des émotions et de provoquer des débats pour trouver des approches  de solutions aux problèmes qui se posent à l’homme.

Pensez-vous que la photographie soit une des meilleures façons de passer des messages pour éduquer ou sensibiliser la population ?

La communication par l’image est très efficace. Les œuvres d’art voyagent plus facilement que les êtres humains et donc la photographie est un excellent moyen pour sensibiliser et transmettre des messages importants à une très grande échelle.

Quels thèmes abordez-vous souvent ? Et pourquoi ?

Je parle souvent de la célébration de la femme africaine. Mes photos promeuvent  le respect de ses droits. Mon travail contribue aussi à la valorisation de nos cultures et à la production d’images plus positives de l’Afrique.

Avez-vous des difficultés particulières dans l’exercice de ce métier en tant que femme ?

Exercer un métier où les femmes sont peu représentées est un défi que je prends plaisir à relever tous les jours. Certains commentaires de production photographique manifestent clairement leurs incertitudes sur la capacité d’une femme à fournir un travail de qualité.

Par ailleurs, le manque de financement est aussi un grand défis pour les photographes en général, parce que le matériel de qualité coûte très cher.

Parlez-nous des différentes expositions que vous avez faites ou auxquelles vous avez participé

J’ai fait et participé à plusieurs expositions notamment :

  • « Être vivant  » : il s’agit de photos portrait des femmes du marché de Hanoukopé
  • « Nyonu XXI » femme du 21eme siècle : ce projet a pour but de célébrer les femmes qui exercent des métiers où elles sont peu représentées
  • « Abidjanaise by night » : j’y célèbre les femmes de la ville d’Abidjan que j’ai découvert lors de ma participation à une résidence de formation en photographie artistique dénommée « DemocraSEE ».
  • « École au Togo » :  ce sont des images prises pour  représenter l’architecture des écoles au Togo
  • « Afuma  » : il s’agit d’une série de photos qui présente un groupe d’échassiers togolais. Les images donnent l’illusion d’être avec des marcheurs célestes.
  • « Malédiction » : C’est une série d’autoportraits exposés avec un groupe d’artistes africains à Pamplona en Espagne pour parler des violences basées sur le genre.
  •  » Halʋ sɩsɩŋ nɩʋ  » : L’expression en kabyè veut dire « douleurs de femme ». À travers cette exposition, je dénonce encore les violences faites aux femmes.

Les violences faites aux femmes, vous en parlez beaucoup. Avez-vous un appel à lancer en ce sens ?

J’invite les jeunes filles et les femmes à chercher à se connaître et à apprendre à s’aimer. Par amour pour soi, on peut dire non aux violences. Par cette même décision de vouloir du bien à soi-même, nous, femmes, nous devons oser faire valoir nos droits et aussi notre pouvoir d’éduquer les jeunes filles et garçons dans une dynamique d’équité.

Vous avez été lauréate des Oscars de la photographie 2022, revenons sur cette distinction et sa place dans votre carrière.

En réalité, la compétition entre artistes est quelque chose d’un peu gênant parce que selon le contexte un grand artiste peut être lésé parce qu’il est mal compris. Outre cet aspect problématique, je suis quand même heureuse que mon travail ait été primé pour une première fois, après toutes ses années de dur labeur. Ce prix m’a permis de me faire connaître un peu plus.

Des projets en perspective ?

Je souhaite vivement pouvoir réaliser en 2023 mon projet de Festival des Femmes Photographes de l’Afrique.

Une expérience personnelle qui vous motive dans votre passion

L’expérience qui m’a donné envie de croire en ce métier, c’est la première résidence de création en photographie artistique, réalisée grâce à un concours lancé par l’institut Goethe à l’échelle internationale. Faire partir des deux jeunes boursiers de l’Afrique, était pour moi une grande fierté.

Si vous devez encourager les jeunes filles, que pourriez- vous leur dire ?

Je dirais aux filles de ma génération que ce siècle leur est consacré. Il faut qu’elles profitent avec intelligence des opportunités qui leur sont offertes.

Merci à EkinaMag

Source: EkinaMag

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