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Alors que vient de débuter l’année scolaire au Togo, le P. Pierre-Marie-Chanel Affognon, directeur national de l’enseignement catholique, revient dans une interview accordée à Urbi et Orbi Africa sur l’offre de formation et les enjeux de l’éducation dans le pays.

Urbi et Orbi Africa : Quel effectif est attendu dans l’enseignement catholique au Togo cette année ?

P. Pierre-Marie-Chanel Affognon : Cette année, l’enseignement catholique attend globalement 150 000 élèves et étudiants, excepté les effectifs de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest-Unité universitaire du Togo et l’Institut supérieur de philosophie et de sciences humaines Don Bosco, qui ne relèvent pas directement de notre responsabilité.

Quelles sont les opportunités de l’enseignement catholique cette année ?

P. Pierre-Marie-Chanel Affognon : L’enseignement catholique dispose d’importantes infrastructures pour accueillir aussi bien les élèves que les enseignants et offre des formations de qualité. Du préscolaire au second cycle du secondaire, les écoles catholiques dispensent un enseignement fondamental conformément au programme de l’État.

Au-delà, un enseignement religieux est offert : l’éveil à l’activité religieuse au préscolaire et les cours d’enseignement religieux à partir du primaire. L’objectif n’est pas uniquement de faire des têtes bien remplies, mais aussi de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens dans le sens de la formation intégrale de la personne humaine. L’Église dispose aussi de centres de formation professionnelle, avec des disciplines débouchant directement sur l’exercice d’un métier.

Enfin, nous offrons chaque année aux enseignants des formations pratiques avec l’appui de partenaires tels que Kindermissionswerk et Caritas-Togo. Actuellement, deux formations des formateurs sont en cours à Lomé et Sokodé.

Quels sont vos plus grands défis aujourd’hui ?

P. Pierre-Marie-Chanel Affognon : Nos défis sont nombreux : la révision des statuts de l’enseignement catholique afin de mieux assumer les nouveaux défis qui ne sont pas pris en compte dans les statuts actuels ; la nécessité de la signature d’une Convention entre l’État et l’enseignement confessionnel ; la poursuite du dialogue avec le gouvernement en vue de l’amélioration du traitement salarial du personnel enseignant afin d’éviter les grèves intempestives et garantir une meilleure formation…

En perspective, nous comptons introduire l’Éducation civique et morale et des cours d’écologie dans nos programmes à la lumière de l’encyclique Laudato si du Pape François. Nous envisageons aussi la création d’une journée nationale de l’enseignant catholique pour encourager les meilleurs et promouvoir l’excellence au sein du personnel.

Quel bilan pour l’année scolaire ?

P. Pierre-Marie-Chanel Affognon : En termes de réussite, le bilan 2015-2016 dans les écoles catholiques est satisfaisant à différents niveaux : 87,61 % de réussite au CEPD ; 79,22 % au BEPC ; 82,08 % au BAC 1 enseignement général ; 48,36 % au BAC 1 enseignement technique, 57,47 % au BAC 2 enseignement général et 76,98 % au BAC 2 enseignement technique.

Pourquoi les intellectuels dont un grand nombre est issu des écoles catholiques ne parviennent pas à influer positivement la gouvernance du pays ?

P. Pierre-Marie-Chanel Affognon : Les intellectuels catholiques sont engagés dans des secteurs difficiles en raison de l’histoire sociopolitique du pays. Je pense que les catholiques engagés en politique ont assimilé aussi « le mal togolais », c’est-à-dire la peur de s’engager en politique, cet engagement étant considéré comme un délit par la majorité.

Aussi les évêques ont-ils récemment décidé de créer l’aumônerie des cadres catholiques pour offrir aux intellectuels des espaces de réflexion et de renforcement des capacités, d’interpellation, d’engagement, pour qu’ensemble ils puissent influencer positivement la vie de la nation.

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